Station Le Bleymard-Mont Lozère / Le ski alpin orphelin de sa destinée…

Publié le

27 février 2024

Réchauffement, changement climatiques, manque de neige chronique entraînant des ouvertures aléatoires et des fermetures longues comme un hiver sans flocons…

Depuis des années, la station de ski alpin baptisée Le Bleymard-Mont Lozère ne maîtrise plus son destin, à l’instar de nombreuses stations françaises de moyenne montagne.

La Cour des Comptes vient de publier (février 2024) un pertinent (impertinent pour d’aucuns, qui sait…) rapport intitulé « Les stations de montagne face au changement climatique ».

Ce copieux document de plus de 200 pages s’appuie sur un échantillon de 39 contrôles s’intéressant à 42 stations et 43 organismes.

On peut lire page 39 ce constat-couperet : « La viabilité économique d’un grand nombre de stations est d’ores et déjà compromise à court terme. Statistiquement, il s’agit de stations de basse et moyenne montagne. » Et de citer, par exemple, le Mont Dore « fortement déficitaire ».

Les 7 pistes et 5 remontées mécaniques de la station mont-lozérienne s’étagent entre 1540 et 1610 m, le point culminant du mont affichant 1702 mètres. Dans les années 70, 80 voire un peu 90, la station a pu fonctionner mais sans pouvoir afficher d’objectifs de rentabilité – une petite station familiale à l’ambiance « jardin des neiges ».

Pour cet hiver 2024, la station n’a pu ouvrir que deux jours, en janvier. Le ski alpin en Lozère, c’est fini, si tant est qu’il ait pu reposé un jour sur un modèle économique viable.

Depuis le 1er janvier 2021, le Conseil départemental de la Lozère a repris la gestion du site avec pour ambition d’en faire une station « 4 saisons », concept un peu creux pour alimenter de la communication. De plus, ce n’est ni nouveau ni innovant, il suffit de se balader de massif en massif pour constater l’éclosion du concept depuis un certain temps, pour ne pas dire un temps certain.

C’est quand la saison des… 4 saisons !?

Bref, en janvier 2021, un membre de l’administration territoriale lozérienne déclarait à France 3 Languedoc-Roussillon : « Là il s’agit de développer des gîtes intégrés dans l’environnement comme nous avons sur la station du Mas de la Barque (…). » Et France 3 de conclure : « Les travaux pourraient débuter l’an prochain (donc en 2022, NDLR) pour un coût total de 5 à 6 millions d’euros. »

Que s’est-il passé depuis !? Rien, en tout cas de visible. Dès lors, ne conviendrait-il pas de solliciter le courage politique pour initier le démontage des installations mécaniques comme cela fut le cas au Mas de la Barque ? Et comme cela se pratique sur d’autres massifs…

Cela dit, le domaine nordique en crête (col de Finiels) peut encore avoir un avenir (altitude, parties boisées, moindres coûts de damage et d’entretien).

Il y a un temps pour tout, celui du ski alpin en Lozère est consommé. D’ailleurs, il est intéressant de souligner ici que la Lozère offre un terrain idéal pour toutes les pratiques de randonnées y compris nordiques. Dès lors, pourquoi ne pas transformer le bâtiment actuel de la station en Maison de la Randonnée ? Pourquoi ne pas restituer le lieu à la belle ambiance steppique et montagnarde de ce Mont Lozère emblématique ?

Oui, la fin du ski alpin ne sonne pas le glas de toutes les…pistes.

L’exemple alpin de la Sambuy, en Haute-Savoie

La France se classe au deuxième rang mondial des nations de ski alpin, derrière les USA, avec 203 stations recensées – dont 54 % de stations de petite taille.

Parmi elles, La Sambuy située en Haute Savoie et dominant le lac d’Annecy, au sud-est. Le conseil municipal de la commune gestionnaire, Faverges-Seythenex, a décidé le 15 septembre 2023 la fermeture et le démontage des installations (le télésiège notamment et la piste de luge 4 saisons). Les élus ont considéré que la station culminant à plus de 1800 m (massif des Bauges) était condamnée à terme par le changement climatique. De surcroît, le site affichait en 2022 un déficit de 422 000 euros.

L’association Tous ensemble pour la Sambuy s’oppose à ce démantèlement, au mépris des réalités climatiques et économiques. Alors que tout le site (fermé dès l’hiver 2023-2024) reste d’accès libre, sous la responsabilité de chaque utilisateur (ski de rando, raquettes, marche, VTT…).

Précision : l’association Mountain Wilderness milite depuis des années en faveur du nettoyage de la montagne.

Il y a du pain sur les…planches.

Jean-Philippe ROUX